© Juliette Guidoni
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2400 x 3600


Installation photographique, 2018
Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris









Deux volumes - 2,4m x 3,6m / 60cm de largeur - l’un horizontal, l’autre vertical, sont disposés dans l’espace et se regardent. Leur taille est celle d’un négatif photo, multiplié par cent. Leurs deux arrêtes s’alignent au sol de sorte qu’on puisse y voir l’effet de basculement. Durant une boucle de 18 minutes, les photographies sont vidéo-projetées successivement, une seule image à la fois sur l’un des deux volumes, pendant 1 minute 20. Entre chaque, 10 secondes de noir, qui illumine tout de même les deux volumes. Le temps et le rythme de la vidéo-projection invitent à regarder. En imposant ce temps de regard sur une seule image à la fois, j’ai souhaité mettre à l’épreuve mes images, et l’image en général. Parmi les nombreuses photographies que j’ai accumulées, j’ai fait le choix de ne montrer que 12 images. Celles-ci sont autonomes, racontent leur histoires et une histoire, celle d’une lumière passée dans mon objectif.

Juliette Guidoni a une pratique de la photographie très singulière dans laquelle l’image fixe est mise à l’épreuve de la durée. L’installation « 2400 x 3600 » qu’elle a conçue pour son diplôme pourrait apparaître comme un micro-histoire de la photographie en 18 minutes et 12 images. Le titre del’installation fait référence à l’un des formats de négatifs les plus communs le 24x36. L’installation se compose de deux volumes dont les dimensions sont celles d’un négatif multiplié par cent, l’un horizontal et l’autre vertical sur lesquels douze photographies argentiques préalablement scannée sont successivement projetées. Différents styles se succèdent : portrait flouté où la pellicule a été accidentée, métaphotographie où la vitre mise en abyme offre un cadrage, « instant décisif » où un enfant entre dans le champ... Ces images autonomes prises sur le vif témoignent de pérégrinations de l’artiste en Haïti comme à Paris. À travers la projection de ces images sur-dimensionnées, l’artiste nous offre une expérience de la durée : celle de la décélération qui va à l’encontre du flot d’images auquel nous soumet constamment l’écran.

Audrey Illouz